


Aujourd’hui, après toutes ces semaines de rencontres les femmes n’ont cessé de visiter, déconstruire et reconstruire, chacune à leur manière, leur propre maison. Celles qu’elles habitent quotidiennement, minute après minute : leur corps. Que ce soit les fondations à refaire ou les murs à défaire, les fenêtres à élargir, les portes à ouvrir, elles s’abandonnent et se laissent façonner par toutes ces expériences proposées.
Pour n’énumérer que quelques-unes des expériences des participantes, notons celle de Mélodie, qui porte d’ailleurs très bien son nom lorsqu’on la voit bouger, habitant pleinement son corps avec un sourire radieux et des étoiles dans les yeux. Celle de Brigitte qui ressent la profondeur d’un moment, presque magique, quand elle découvre que lorsque toute la collectivité écoute et respecte le rythme et le temps de chacune, on peut avancer tous ensemble. Un moment de solidarité grandement apprécié. Isabelle, qui, malgré la crainte qu’elle a parfois de perdre l’équilibre lorsque vient le moment de danser sur la musique de Grace Jones aux côtés de Catherine, s’abandonne sans aucun danger. Puis Claire, une sourde profonde, qui lors d’un solo émouvant suit la musique qui semble habiter profondément son corps en nous dansant l’héritage que son père lui a légué. En laissant simplement les racines de l’arbre déployer ses ailes.
Du réchauffement de Sarah à l’apprentissage d’une certaine temporalité qui permet la création chorégraphique avec Catherine, les femmes voyagent d’un univers introspectif à un univers ludique qui créé, élargit, permet à nos corps de prendre plus d’expansion. Au rythme de la créativité de chacune, de la musicalité des corps qui leur est propre, elles explorent l’espace, passant du plus petit au plus grand mouvement intérieur, tout en occupant tout l’espace extérieur, ne cessant d’élargir les différents possibles. Comme le dit Sarah, la danse ce n’est pas que danser !



Lorsqu’on voit chacune de ces femmes, même celles que je n’ai malheureusement pu citer ici, propulsées par leurs feux intérieurs, s’élever au-dessus des limites imposées, habiter leur terre tout en se laissant ressentir sensations, émotions qui proviennent du plus profond de ce qu’elles sont, on ne peut qu’être témoin de comment ces ateliers sont aussi des vases communicants avec leur propre réalité.
On peut voir lorsque l’on bouge, lorsque l’on improvise que ce n’est que le reflet d’une profonde énergie, déjà présente, qui ne demandait qu’à s’exprimer.
L’accueil à être telles qu’elles sont et la confiance qui s’est installée au sein de leur collectivité sont tous des éléments qui leur permettent de déployer leur potentialité.
On ne peut que reconnaître la beauté des vases communicants que l’art apporte à tout être humain. Et comment l’un l’autre se nourrissent. Et comment l’art, plus particulièrement la danse ici, le mouvement, devient une voie de passage pour prendre plus d’expansion.
Suzanne Ledoux