Vivre la médiation culturelle

Portraits de ceux et celles qui vivent la médiation culturelle 2024 

 

En date d’écriture de ce texte, il ne reste que quatre semaines avant la fin de cette édition de médiation culturelle. J’ai rencontré quelques participant·es, ce qui m’a permis de prendre le pouls des attentes et des craintes. Bien sûr, la nervosité est présente, tout comme la peur de ne pas être assez nombreux·ses sur scène le jour J. Cependant, certain·es expriment une impatience de voir ce projet se concrétiser. Ils et elles espèrent également la présence nombreuse de leur entourage. Les mots qui suivent donnent à voir d’un peu plus près qui ils et elles sont. 

 

Alyson : Faire la paix avec son corps 

Alyson vient d'une famille d'origine sud-américaine où la danse est une tradition bien ancrée. Dans leur foyer, les rassemblements sont toujours accompagnés de musique et de mouvements. Malgré sa légère déficience intellectuelle, Alyson s'accroche à cette passion. Interrogée sur sa motivation à participer à la médiation culturelle, Alyson explique simplement qu'elle aime découvrir de nouvelles choses et ne pas rester inactive. Un moment marquant pour elle fut la visite de Johnny Cortes et son atelier sur la présence scénique. Elle se souvient avec fierté avoir réussi à parler plus fort, ce qui constitue un exploit pour elle. Malgré les défis, notamment l'arthrite juvénile qui rend parfois douloureux son apprentissage, Alyson persévère. Elle apprend à mieux accepter son corps trouvant ainsi dans la danse une source de force.

Alejandro : Soigner l’attention

Pour Alejandro, la médiation culturelle alimente sa motivation et l'inspire même à envisager la danse dans sa future carrière professionnelle. Cette expérience représente une sorte de révélation pour le jeune participant, qui trouve une satisfaction particulière dans le processus d'apprentissage. L'engagement requis, l'attention portée aux instructions de Ford et de ses collaborateur·ices le poussent à développer son sens de l'organisation et à travailler sa mémoire. D’ailleurs, la répétition des exercices d’une semaine à l’autre est très formatrice. Sa confiance en lui s’en retrouve nourrie.

Cleefton : Montrer ce qui ne peut être dit

Ce que Cleefton trouve le plus intéressant dans l’expérience de médiation est le volet création et le caractère inventif derrière la danse urbaine. Il aurait souhaité que l’implication de ses camarades se maintienne au fil des semaines, relève-t-il alors qu’il observe qu’ils et elles sont moins nombreux·ses qu’au début. Le nombre le rassurait, car il est plus facile d’accepter de faire des erreurs. Cela est relié avec sa peur que l’audience remarque plus rapidement les failles durant le spectacle à venir. Pour lui, la danse est une manière de s’exprimer, confie-t-il en se remémorant le plaisir associé aux moments dansés avec ses ami·es dans la cour d’école. 

Justin : Le vrai soi 

Au-delà de son amour pour la danse et du plaisir de rencontrer de nouvelles personnes, ce qui plaît le plus à Justin, c'est la régularité de l'activité. En effet, il a rejoint la médiation culturelle sur l'invitation d'un ami sans s'attendre à s'engager sur plusieurs semaines avec un spectacle à la clé. Pourtant, il attend maintenant ce spectacle avec impatience. Au contraire, cette perspective l'inspire. Ce type d’activités lui permet de faire ressortir sa vraie personnalité, explique-t-il. La personnalité de quelqu’un qui essaie, malgré son manque de confiance, qui fait de son mieux pour prendre sa place. Cette expérience a suscité chez Justin le désir d'explorer plusieurs autres types de danses et de croire en ses capacités.

Marie-Berline : Dans l’absence de mots… le plaisir

Il s’agit d’une première expérience en danse pour Marie-Berline, qui partage sa nervosité en vue du spectacle. Elle trouve le langage associé à la danse urbaine particulier, ses mouvements surprenants, elle est impressionnée par leur potentiel à créer des images. Elle avoue que la danse est devenue un passe-temps qui fait du bien. C’est même devenu une habitude : prendre plaisir à danser seule chez soi. 

Xavier : Un espace à soi

Xavier est familier avec le domaine artistique, ayant pratiqué le cirque et la danse. Ainsi, cette activité de médiation résonne avec ce qui lui est cher : la liberté d'être lui-même, sans craindre le jugement extérieur. D’ailleurs, il trouve cela assez inspirant de voir les autres participant·es s’exprimer autrement que s’ils et elles étaient à la maison. À ses yeux, ils et elles surmontent la peur de ne pas être dans un environnement familier. La présence des arts dans sa vie est profondément significative et indéniable. Ce qui est certain, c'est que cela maintient Xavier ancré dans un sentiment de bien-être, dans une attitude positive, dans un espace qui lui est propre. Selon lui, cette attitude est essentielle en vue du spectacle à venir : ne pas se focaliser sur le négatif.

 

Rose Carine Henriquez

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